Le

Rituel

La Voie du Vin transcende la dégustation conventionnelle. C'est une cérémonie. Un rituel. Vous trouverez ici un aperçu de son prélude et des neuf mouvements de cette expérience du vin à nulle autre pareille.

Dans l'antichambre

Avant d'être conduits, un à un, dans l'enceinte cérémonielle et dirigés vers leurs sièges, les convives se rassemblent dans l'antichambre. Nous demandons aux convives d'arriver une heure avant le début de la célébration, de préférence avec l'estomac vide. De l'eau de source est servie, alors que les convives reçoivent quelques instructions simples sur le déroulement du rituel.

Commencez votre voyage initiatique


Pré-temps

Prélude

L'absence de lumière

Obscuritas

Juste avant l’aube, aux creux de nos corps enveloppés de nuit, il nous est donné de percevoir et de ressentir plus intensément notre monde intérieur. Essayez d’être pleinement présent à ce moment, en laissant derrière vous toutes idées préconçues, toutes attentes..., et tout en sachant que vous ignorez ce qui va suivre, ouvrez-vous à la beauté mystérieuse de ce moment d'obscurité et de silence, à l’inconnaissable que vous portez en vous..., jusqu’à ce que s’élève de nulle part, de partout, un murmure surréel, un tremblement qui fait résonner le monde...

Premier mouvement

Acte I

Le retour de la clarté

Nitere

Du fond de la nuit monte le chant d'une voix cristalline. C'est un appel. Le premier appel. Soudain, une lumière frémissante brise l'obscurité. Une silhouette humaine s'avance ; bougeoir à la main, le maître de vin s'approche tranquillement. La lumière qu'il porte suffit à lever le voile d'incertitude qui recouvre le monde et les choses.

Les yeux découvrent trois entités monolithiques, qui plantent le décor de l'enceinte cérémonielle. La première est petravinum, sur lequel repose le vin qui sera servi aux invités dans son "corps de verre" dont le bouchon, précédemment retiré, offre maintenant au vin un passage vers la possibilité d'une nouvelle forme ; la deuxième entité est appelée tolmen, ou table des ablutions ; et enfin, nous découvrons altarium, une pierre promontoire portant le Vascellum, une pièce agissant comme le centre de gravité de tout l'espace, créant un champ sacré à l'intérieur duquel les convives sont rassemblés. Le Vascellum est l'entité cardinale et indispensable du Rituel de la Voie du Vin, véritable vaisseau animé qui permet au vin de voyager de sa bouteille à Amphora, la carafe que l'on découvre posée sur son piédestal, appelé pedem. Avant que le maître du vin se retire en lui-même, quatre fois la lumière aura été multipliée pour devenir cinq.

Deuxième mouvement

Acte I

La fin des apparences

Ablutio

Pour la deuxième fois, résonne le chant cristallin, appelant le maître de vin au tolmen. Dans le miroir de l'eau emplissant la bassine du monolithe, le maître de vin observe son reflet. Il voit le masque de théâtre qu'est devenu son visage, celui qu'il porte pour le rôle qu'il joue dans la société humaine, et sous lequel se cache son être véritable, respirant à peine. Puis, le maître de vin plonge ses mains dans la bassine, brisant cette image de lui-même avant de s'asperger le visage d'eau pour le nettoyer de son paraître. Débarrassé de son vernis social, le célébrant peut alors poursuivre son chemin, son être véritable respirant de nouveau...

Troisième mouvement

Acte I

La connaissance

Mensura

Pour la troisième fois, le chant d'appel résonne dans l'enceinte cérémonielle. Le maître de vin est convoqué au petravinum. Arrivé au monolithe dans lequel repose le vin de la célébration, il place ses deux mains sur la bouteille, en procédant de la base vers le goulot, pour en prendre la mesure. Puis, il se dirige ensuite vers tolmen, de la surface duquel émergent les cristallus. Ces pièces translucides de différentes longueurs servent à contraindre la bouteille sur la matris du Vascellum selon sa taille singulière. Ensuite, à partir de la connaissance acquise de ses mains, le maître de vin va tirer le parfait cristallus pour son insertion dans la florem, l'unité utilisée pour serrer la bouteille sur la partie arrière de la matris.

Quatrième mouvement

Acte I

Le porté

Portare

Une dernière fois, le chant cristallin appelle le maître de vin, qui revient au petravinum. Du monolithe, il retire délicatement la bouteille de vin, qu’il présente aux invités lors d’un passage à pas lents, avant de se tourner vers l'atlarium et le Vascellum. Chaque pas du maître du vin est alors suivi d’une pause, dont la durée s’étire à chaque foulée. Devant le Vascellum, le célébrant s'arrête. Et tel un danseur soulevant sa partenaire dans un ultime porté, il va élever la bouteille au niveau de la matris, le berceau accueillant la bouteille, et l'y déposer en la contraignant par l'avant après son insertion dans le vagina*, l'organe frontal translucide du Vascellum, si emblématique de son anatomie.

La bouteille est maintenant enchâssée dans son vaisseau, et le vin prêt pour son ultime voyage, prêt à être libéré de son cocon de verre pour prendre sa prochaine forme... Pour l'instant, le maître de vin va quitter la scène visible, car il lui faut un moment de solitude pour rassembler l'énergie vitale dont il aura besoin pour accomplir le prochain mouvement du rituel : versare...

* Aller sur le site Leksikon pour découvrir pourquoi le mot surprenant de vagin a été choisi pour désigner la figure de proue du Vascellum.

Cinquième mouvement

Acte II

L'or libéré

Versare

Un chant nouveau s’élève dans l’enceinte cérémonielle. Bientôt réapparaît le maître de vin. Commence alors la marche ultime qui le ramènera au Vascellum. Tout en marchant, le maître de vin récupère l'amphora posée sur son pedem. Lents sont les pas du célébrant. Car les moments sacrés commandent une lenteur sacrée. Arrivé au Vascellum, tenant l'amphora d'une main, retenant son souffle, le maître de vin va alors ‘activer’ le cœur vivant du Vascellum: l'heorte, dont le mouvement va entraîner l’inclinaison de la matris et de la bouteille qu'elle contient. Et c'est enfin que le vin reçoit le jour…, perdant sa forme de bouteille au fur et à mesure qu’il s’en échappe, pour prendre celle fuyante d’un trait d’écoulement exhalant son parfum, puis celle de l'amphora qui le recueille. Et alors qu’il s’attarde dans l’instant de son versement, le vin prend cette triple forme, aussi belle qu’éphémère : de bouteille, d’écoulement et d'amphora. Le vin versé, le maître de vin relève alors la matris, recueillant quelques dernières gouttes. Puis, face aux convives, il soulève l'amphora à deux mains et la replace sur son pedem. Alors pour une dernière fois le maître de vin quitte la scène visible avant son retour pour le sixième mouvement du Rituel.

Sixième mouvement

Acte II

Le partage

Partire

L'amphora contient maintenant le précieux liquide, et le maître de vin en versera une part dans chacun des verres posés sur un socle appelé vitrum. Outre celui de chaque convive, le vitrum porte deux verres supplémentaires : celui du maître de vin, et celui du sommelier-officiant qui fait alors son entrée dans l’enceinte cérémonielle.

La noble tâche du sommelier-officiant est de goûter le vin pour s'assurer de sa qualité, puis de déposer les verres sur les pedems des convives. Devant chacun se trouve maintenant une portion de vin partagé qui, au moment promis de la dégustation, les unira. Mais le moment de boire le vin n’est pas encore venu…

Septième mouvement

Acte III

Allumer le feu intérieur

Transmissio

Le maître de vin revient. Saisissant son bougeoir, il s'approche des convives et s'arrête devant une première personne. Le célébrant s'enracine alors en lui-même un instant, fermant les yeux avant de les ouvrir dans les yeux devant lui. Il s'attarde un moment à la lueur de son cierge, cherchant l'être sous la surface du visage qui se présente à son regard. Lorsqu'il le trouve, le maître de vin s'incline, genou à terre, pour illuminer le cierge intégré au pedem du ou de la convive. Et il en fera de même pour chaque convive, transmettant sa flamme qui se multipliera autant de fois. Une fois cette tâche accomplie, il rejoindra le groupe, prenant le seul siège resté vacant. Depuis le début de la célébration, aucune parole n’aura été prononcée. Seule la musique aura résonné en l’enceinte cérémonielle, et il en sera ainsi jusqu’à ce que s’achève le rituel. Le moment de boire le vin est maintenant venu.

Huitième mouvement

Acte III

La grande métamorphose

Transmutatio

Le maître de vin, ayant joint la communauté des convives, lève alors son verre, indiquant qu’il est temps de boire le vin. Gardant le silence, chaque convive prend alors tout le temps voulu pour déguster, laissant le pouvoir du vin agir en son corps, s’y déployer en chaleur d’alcool, en parfums et en saveurs. Dans l’esprit de La Voie du Vin, les convives savourent leur élixir sans verbaliser intérieurement les sensations ressenties, les embrassant, restant dans le vécu de l’émotion, dans le pur mouvement qui les habite, sans presse d’y échapper. Ainsi, s’abandonnant au moment, il leur est donné de goûter l’instant où les mots perdent le pouvoir de décrire…

D'une forme à l'autre, de la forme de la bouteille à celle de son instant d'écoulement, à l'amphora puis à celle du verre, le vin en notre corps finalement se transforme. Il se décompose en toutes les formes qu’il a toujours été, celles d’avant la bouteille, quand il était encore terre, eau et soleil, et même avant, dans le plus lointain passé, quand son essence existait en puissance dans un point hors du temps, à l'origine même de l'univers, ce même point d'infini où nous étions, nous aussi, du vin.

Neuvième mouvement (ou temps zéro)

Acte III

L'être renouvelé

Regeneratio

Tandis que se termine le voyage de leur dégustation, chaque convive repose son verre vide sur son pedem. Et, gardant le silence, laissant le calme l’envahir, il ou elle profite de ce moment de pleine conscience.

Alors que le dernier verre de vin repose sur son pedem, l'opertura, la grande ouverture circulaire de l'enceinte cérémonielle, commence à s'illuminer. Lorsqu'il sent que le moment est venu, le maître de vin se lève de son siège et se dirige lentement vers l'opertura pour en franchir le seuil. Chaque invité se lève alors pour franchir l'opertura au moment où il le sent, en prenant tout le temps nécessaire et sans se sentir bousculé par ceux qui le précèdent.

Les convives se retrouvent alors pour un repas, l'occasion de partager leurs expériences tout en dégustant vins et mets délicats. Ce moment de leur vie leur appartient, et les liera tous à jamais.

La Voie du Vin nous rappelle que la vie est un cycle sans fin. Elle nous invite à embrasser de nouvelles expériences qui donnent à la vie toute sa richesse, et à trouver les vérités les plus profondes de l'existence dans la beauté même du voyage.